Le secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères Paris, le 2 décembre 1991
à
Messieurs les chefs de postes diplomatiques et consulaires
A/S : Fonctions et prérogatives des membres du CSFE.
L’évolution récente du statut du Conseil supérieur des Français de
l’étranger, marquée notamment par l’adoption d’une nouvelle loi (n°
90-384 du 10 mai 1990) et d’un décret d’application (n° 91-449 du 14 mai
1991), amène le département à rappeler le rôle de cette assemblée
consultative dont le ministre des Affaires étrangères assume la
présidence et les prérogatives qui sont reconnues à ses membres,
élus au suffrage direct par nos compatriotes établis à l’étranger.
I Organisation et fonctionnement du Conseil
Le CSFE est composé de 150 membres élus pour six ans au suffrage
universel direct, de douze sénateurs représentants les Français établis
hors de France, de vingt personnalités désignées par le ministre des
Affaires étrangères et d’un représentant des Français d’Andorre (cf.
art. 2, 3 et 4 de la loi n° 90-384 du 10 mai 1990).
Quatre
commissions permanentes (affaires économiques, fiscales et financières ;
enseignement, culture et information ; affaires sociales ; droits et
représentation) et une commission temporaire (anciens combattants) sont
chargées, au sein du Conseil, de l’étude des problèmes intéressant les
Français résidant hors de France. Leurs rapports sont soumis, pour
adoption, à l’assemblée plénière annuelle (qui se tient habituellement
en septembre) ou au bureau permanent (février, mai et décembre) qui
assure la continuité des travaux pendant l’intersession.
La
nouvelle loi définit ainsi l’étendue des tâches confiées au CSFE :
«Outre les attributions qu’il exerce en vertu des lois en vigueur, il
est chargé de donner au Gouvernement des avis sur les questions et
projets intéressant les Français établis hors de France et le
développement de la présence française à l’étranger.
«Dans les
matières ressortissant directement à sa compétence, le Conseil supérieur
des Français de l’étranger peut être consulté par le Gouvernement sur
les projets de textes législatifs et réglementaires. Il est appelé à
donner son avis sur tout autre projet que lui soumet le Gouvernement. Il
peut également, de sa propre initiative, adopter des avis, des vœux et
des motions sur tout sujet concernant les Français établis hors de
France et le développement de la présence française à l’étranger.» (art.
1er A)
II Prérogatives et rang des membres du CSFE
Conformément aux dispositions prévues à l’article 1er bis de la loi
précitée, «les prérogatives dont jouissent les membres élus dans leurs
circonscriptions électorales respectives» sont fixées aux articles 7 et
8 du décret n° 91-448 du 14 mai 1991, dans les termes suivants
:
«Art. 7. Les membres élus du Conseil supérieur des
Français de l’étranger reçoivent des chefs de postes diplomatiques et
consulaires l’information nécessaire à l’accomplissement de leur
mission.
«Dans leur circonscription électorale, ils sont membres
de droit des organismes consulaires compétents en matière d’emploi et de
formation professionnelle, en matière de protection et d’action sociale
et en matière de bourses. En outre, ils peuvent être consultés par les
chefs de postes diplomatiques et consulaires sur toutes les questions
générales intéressant les ressortissants français de leur
circonscription.
«Ils sont invités par le chef de poste à toute
réunion où une représentation de la communauté française expatriée
parait nécessaire.
«Art. 8. Les membres élus du Conseil
supérieur des Français de l’étranger sont invités aux manifestations
organisées dans leur circonscription à l’occasion des visites
officielles du Président de la République ou des membres du Gouvernement
français ainsi que des missions d’information des délégations
parlementaires, lorsque des Français de leur circonscription y sont
invités.
«Dans les cérémonies organisées à l’étranger à
l’initiative des chefs de postes diplomatiques ou consulaires, ils
prennent place immédiatement après l’agent de carrière appelé à
remplacer le chef de poste diplomatique ou immédiatement après le chef
de poste consulaire.»
Tout en tenant compte de la diversité des
situations locales, il paraît donc naturel que soient dégagées, dans un
climat de compréhension mutuelle, quelques règles destinées à permettre,
dans la concertation, l’accomplissement de la mission spécifique des
délégués au CSFE.
Toutefois, il est bien entendu que cette
reconnaissance de la représentativité des délégués au CSFE au sein des
communautés françaises expatriées ne saurait porter atteinte à la
spécificité de l’institution consulaire, dans la mesure où celle-ci,
d’une part, est l’expression même de l’Etat français, et, d’autre part,
demeure, l’intermédiaire naturel entre les ressortissants français de la
circonscription consulaire considérée et les autorités du pays
d’accueil.
Cette situation, qui découle d’une tradition codifiée
par les Conventions de Vienne, trace par ailleurs aux élus les limites
d’un mandat dont ils ne doivent pas perdre de vue qu’il s’exerce sous
une souveraineté étrangère ; ce qui les conduira, dans leur action
publique, à un double devoir de réserve : dans leur attitude, d’abord, à
propos de la politique définie et mise en œuvre par le Gouvernement
français et, ensuite, dans leurs prises de position à l’égard des
institutions et de la législation du pays hôte.
III Modalités d’exercice de leur mandat
A Généralités
Les élus du CSFE devront figurer sous leur titre, avec leur adresse,
sur les organigrammes, répertoires ou annuaires établis par les postes
et mis à la disposition de la colonie, à l’image de ce que le
département fait lui-même au plan national (annuaire diplomatique,
bottins…).
Par delà les simples règles de la courtoisie, les
chefs de postes consulaires doivent entretenir avec les élus de leurs
circonscriptions des contacts réguliers, naturels et confiants. La
formule idéale serait que s’instaure une concertation régulière sur
toutes les initiatives du poste touchant aux intérêts de la communauté
française.
Il convient également d’imposer le réflexe de la
consultation des élus avant l’ouverture des négociations bilatérales
susceptibles d’influer sur la situation de nos expatriés (conventions
fiscales, Sécurité sociale, service national, droits de la famille…).
Les postes diplomatiques, normalement concernés par cet aspect
particulier de la relation extérieure, voudront bien prendre toutes
dispositions utiles à cet égard. Dans toute la mesure du possible, avant
une négociation ou une commission mixte relevant de la Direction des
Français à l’étranger et des étrangers en France et concernant les
Français établis dans le pays, une prise de contact officieuse sera
organisée entre la délégation française et les élus dans un local de
notre représentation.
Par ailleurs, les membres du CSFE doivent
systématiquement trouver leur juste place au sein des commissions,
comités ou organisations diverses (bourses, aide sociale, emploi et
formation professionnelle, etc.) qui assistent les chefs de postes
consulaires, que ces organismes relèvent d’ailleurs de la simple
tradition caritative, ou bien que leur existence soit consacrée par un
texte réglementaire. En cas d’empêchement, ils peuvent y désigner un
représentant afin d’exprimer leur position et d’être tenus informés,
étant entendu qu’il ne s’agit pas d’un mandataire avec délégation de
pouvoir.
Pour tenir compte des impératifs de calendrier des uns
et des autres et des problèmes liés à la distance, en fonction de
l’ampleur des aires géographiques parfois imparties aux élus, il y
aurait avantage à ce que les dates de réunions de ces commissions ou
organismes soient échelonnées, dans la limite des délais requis, afin de
faciliter la présence des élus.
B Dispositions pratiques
Pour permettre aux élus au CSFE d’exercer pleinement leur mandat
:
1) Les chefs de postes diplomatiques et consulaires
doivent mettre à leur disposition, sans discrimination, des locaux
dépendant des services officiels français afin de leur offrir la
possibilité de tenir des réunions avec les ressortissants français de
leur circonscription.
La lettre collective n° 12685 du 15
décembre 1981, relative à l’utilisation aux fins de réunion des
immeubles de l’Etat français par des associations privées, et qui a fait
l’objet d’une appréciation favorable du Conseil supérieur réuni en
session plénière, vous servira de référence à cet effet. Je rappelle
toutefois que sur le plan de la déontologie en période électorale,
l’article 5 de la loi du 7 juin 1982 fixe un cadre très strict aux
actions de propagande à l’étranger.
Il est bien entendu que la
préparation et le déroulement de ces réunions devront se plier, comme
pour les syndicats et les associations, au strict respect de la
réglementation du pays hôte, le principe de non-ingérence dans le
domaine propre des affaires du consulat étant par ailleurs tenu pour
acquis.
2) Les chefs de postes diplomatiques et
consulaires doivent également mettre à la disposition non permanente des
élus, et en accord avec eux, un local dans l’enceinte des locaux
officiels, et pour une durée qui sera généralement de quelques heures
par mois, selon une périodicité raisonnable à définir en commun. Il va
de soi que compte tenu de la durée réduite d’occupation de ce local, les
facilités offertes n’impliquent pas l’extension des surfaces utilisables
dans les bâtiments officiels mais constituent bien de simples mises à
disposition temporaire. Ce local, d’une nature qui soit compatible avec
la fonction des élus, doit être équipé en matériel courant de
secrétariat et être pourvu d’une machine à écrire et d’un poste
téléphonique.
3) S’agissant de l’acheminement du courrier
des élus, les dispositions actuellement en vigueur prévoient qu’il peut
être fait usage de la valise diplomatique dans les conditions suivantes
:
Pour faire acheminer leur correspondance officielle
adressée à l’Administration et destinée soit aux administrations
centrales, soit aux postes diplomatiques et consulaires et autres
services de l’Etat à l’étranger, y compris lorsqu’il s’agit de courrier
expédié de poste en poste, à l’intérieur ou à l’extérieur de la
circonscription électorale.
Pour faire acheminer leur
correspondance adressée aux autres membres du CSFE, sous couvert selon
le cas, soit du département (secrétariat général du conseil) pour les
plis destinés aux membres présents à Paris, soit du poste diplomatique
ou consulaire le plus proche pour les plis destinés aux membres du CSFE
résidant à l’étranger, étant entendu que dans l’un et l’autre cas les
destinataires doivent retirer ce courrier auprès de
l’administration.
4) L’assistance ainsi offerte par le
département, ainsi que l’effort budgétaire et matériel qu’elle suppose,
tend à démontrer sa détermination que nos consulats, en particulier,
soient dans toute la mesure du possible et dans le respect des accords
internationaux pertinents, des «Maisons de France» accueillantes et
chaleureuses, qui jouent pleinement leur rôle de foyer d’appui des élus
du CSFE, des associations et par delà, de la communauté française
elle-même.
Si des difficultés devaient surgir dans l’application
des dispositions de la présente circulaire, vous voudriez bien en rendre
compte sous le timbre de la Direction des Français à l’étranger et des
étrangers en France.
Alain Vivien
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